Et si ce n'était qu'un jeu ?
L’autre jour, ma mère nous a envoyé un mail, à ma sœur, mes frères et moi, pour nous faire part de ses difficultés du moment, nous dire qu’elle nous aime et qu’elle avait envie de passer un peu de temps avec nous. Elle broyait du noir, comme ça peut nous arriver à tous quand on a l’impression qu’un tas d’emmerdes nous tombe sur la tête d’un coup. Je lui ai répondu les quelques lignes qui suivent, pour l’inviter à accueillir les vagues de la vie avec sérénité.
Des problèmes, la vie prend un malin plaisir à nous en balancer plein à la gueule. Et franchement, on ne peut pas lui en vouloir. Mettons-nous à sa place, ça doit être plutôt marrant. Elle nous teste, elle nous défie. Elle cherche à voir de quoi on est capable. Et nous, on doit lui prouver par nos actes qu’elle a raison de nous avoir choisis. On doit les résoudre, ces problèmes. Petit à petit, on apprend à en résoudre de toutes sortes. Et plus on en résout, plus la vie nous en envoie. Elle pousse parfois le vice jusqu’à nous en balancer plusieurs à la fois. Mais à force de régler ces problèmes, on peut apprendre à apprécier le processus, plutôt que l’objectif. Et c’est peut-être à ce moment-là qu’on a gagné.
Parfois, on se sent comme un superhéros, capable de relever tous les défis. Tout semble même trop facile. On est plein d’énergie, on règle chaque problème un par un, on découpe les gros problèmes en un tas de petits et on vient à bout de la pile sans fatiguer. Puis on va dormir pleinement satisfait, et serein pour attaquer les problèmes du lendemain.
Parfois, on préfère nier l’affaire. On veut juste se taper en boule sous une couette et pleurer. Mais on n’en a même pas la force. On passe notre temps à essayer de se convaincre qu’on peut gérer la situation, sans rien faire de bon. Puis on regrette, on se dit qu’on aurait mieux fait d’aller chialer sous la couette. Alors on se sent con. C’est ce qu’on appelle une journée de merde. On finit par aller dormir et, avec un peu de chance, on se réveille avec plus d’énergie positive le lendemain.
Parfois, on a carrément envie d’en finir. On en a marre, on se dit que ça ne vaut plus la peine. On n’a plus de force, on veut abandonner. Tout ça fait partie du jeu. Parce que, au fond, ce n’est qu’un jeu. On pourrait s’énerver, balancer le plateau et renverser tous les pions. Mais là, on aurait perdu, définitivement. Alors qu’il suffirait peut-être d’attendre le prochain tour pour que la chance nous sourie à nouveau.
On joue à ce jeu pendant des années. Jusqu’à ce que la vie en ait marre de jouer avec nous, et nous laisse en paix pour l’éternité. Mais tant qu’on a la chance de jouer, on n’a d’autre choix que de relever ces défis. En passant par tous ces états. Pour gagner à ce jeu, il faut sans doute simplement accepter d’y jouer.